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|  (Foto Ghitta Carell) |
L’un des pianistes les plus admirés du 20me siècle, Arturo Benedetti Michelangeli (Brescia 1920 – Lugano, Suisse, 1995) a poursuivi tout au long de sa vie la manifestation parfaite de la beauté artistique, avec des résultats uniques dans le contrôle du son et dans l’étude minutieuse des textes musicaux. Artiste insaisissable et énigmatique, ennemi de la clameur journalistique, toujours très personnel dans les infinies nuances de son touché pianistique, Michelangeli a magistralement interprété chefs-d'œuvre de Mozart, Beethoven, Chopin, Schumann, Brahms, Debussy et Ravel.
Ce grand pianiste italien, connu dans le monde entier comme un ultra perfectionniste du clavier, naît à Brescia, dans le nord de l’Italie, le 5 février 1920. Après avoir obtenu son diplôme de piano en 1934 au Conservatoire de Milan, quatre ans plus tard il participe au Concours International de Bruxelles, où il se retrouve comme étant le plus jeune finaliste, et obtient le septième prix (vainqueur Emil Gilels). En 1939 l'artiste devient célèbre dans toute l'Europe en remportant le premier prix au Concours International d'Exécution Musicale de Genève. A cette occasion, Cortot a pu proclamer solennellement: «Un nouveau Liszt est né!». Ses premiers enregistrements officiels pour La Voix De Son Maître et Telefunken datent de 1939. Après la Seconde Guerre mondiale, en 1948, il fait ses débuts aux États-Unis. En 1957 son premier album stéréophonique comprend l’interprétation incomparable du Concerto en sol de Ravel. Sept ans plus tard il est à Moscou pour un concert triomphal et en 1965 tient sa première tournée au Japon. En plus, Michelangeli aime enseigner: son extraordinaire renommée attire plusieurs d’élèves choisis à ses master-classes tenus à Bolzano, Arezzo, Sienne, Rome et Moncalieri. Le grand pianiste italien est une légende vivante: sa nature solitaire et mélancolique, sa passion pour les voitures de sport, les nombreuses anecdotes autour de lui, ses concerts annulés à la dernière minute nourrissent son mythe.
En 1965 il interrompt son silence discographique en constituant à Bologne son propre label musical, nommée BDM. Mais un seul disque sera publié: celui dédié à la Sonate op. 111 de Beethoven, aux côtés des œuvres de Scarlatti et Galuppi. Malheureusement, la BDM est de courte durée, parce qu’en 1968 elle sera impliquée dans une mésaventure financière suffisamment grave pour l'obliger à fermer ses portes. Michelangeli, en tant que membre de cette société, doit souffrir la saisie de ses maisons et de ses pianos. Profondément attristé et indigné, le pianiste décide de s'installer à l'étranger et déclare publiquement qu'il ne voudra plus jouer en Italie. Alors une nouvelle phase de sa carrière commence en Suisse, où Michelangeli peut retourner à l’enseignement et à l’activité concertiste. Quelques temps plus tard, il signera aussi un nouveau contrat avec le prestigieux label allemand Deutsche Grammophon: en dix-sept années sortiront des enregistrements célèbres consacrés aux œuvres choisies de Chopin, Beethoven, Debussy, Schubert et Brahms. En 1977 Michelangeli donne un concert spécial au Vatican, en l'honneur de son compatriote, le pape Paul VI. Trois ans plus tard il retournera exceptionnellement à Brescia, sa ville natale, afin de commémorer le regretté Pontife. Ce sera son unique concert en Italie depuis 1968.
Son activité musicale va de triomphe en triomphe, mais tout à coup, le 17 octobre 1988, lors d'un concert à Bordeaux, l'artiste a une grave crise cardiaque qui le conduit presque au bord de la tombe. Après une pause de quelques mois pour des raisons de santé, Michelangeli retourne à la vie musicale avec la NDR-Sinfonieorchester sous la direction de Cord Garben. D’autres concerts suivent, parmi lesquels deux importants récitals à Londres. En 1992 le pianiste fête à Monaco de Bavière le quatre-vingtième anniversaire du célèbre chef d’orchestre Sergiu Celibidache et interprète encore le Concerto en sol de Ravel. Dans la même année, il fait une tournée triomphale au Japon. Son dernier récital a lieu à Hambourg (le 7 mai 1993) et se consacre entièrement à la musique de l’un des ses compositeurs préférés: Claude Debussy.
Arturo Benedetti Michelangeli meurt à Lugano, en Suisse, le 12 juin 1995: il laisse un vide immense dans le monde de la musique, mais en même temps, il donne à la postérité un héritage artistique d'une importance extraordinaire.
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